Qui pour succéder à Ban Ki-moon à la tête de l’ONU ?

Les Echos

L’ancien Premier ministre portugais Antonio Guterres est toujours numéro 1 dans la course au secrétariat général de l’ONU à l’issue d’un deuxième vote informel au Conseil de sécurité ce vendredi.

Ils sont six hommes et cinq femmes encore dans la course à la succession de Ban Ki-moon comme secrétaire général de l’ONU. Le récent désistement de la Croate Vesna Pusic est intervenu à la veille d’un deuxième tour de scrutin au Conseil de sécurité de l’ONU ce vendredi.

Quatre candidats de poids s’affrontent sur les onze encore en lice. En tête se trouve le Portugais Antonio Guterres, ancien haut-commissaire de l’ONU aux réfugiés (HCR), grand gagnant du premier vote du 21 juillet et du second scrutin de ce vendredi. Il a notamment convaincu grâce à son expérience de la gestion de la crise des migrants, un des enjeux principaux de l’ONU avec le réchauffement climatique, la lutte contre le terrorisme et la polémique sur les viols commis par des Casques bleus. L’ancien premier ministre portugais devance désormais le Serbe Vuk Jeremic, ancien président de l’Assemblée générale de l’ONU et Susana Malcorra, ministre des Affaires étrangères argentine. L’ex-président slovène Danilo Turk, qui talonnait Antonio Guterres après le premier vote, est relégué à la quatrième place devant la patronne de l’Unesco Irina Bokova .

Dans un contexte de tensions entre les Etats-Unis et la Russie, cette dernière fait pression pour que le prochain secrétaire général vienne d’Europe de l’Est, qui n’a encore jamais pris la direction de l’ONU. Traditionnellement, une règle tacite de roulement voudrait aussi que ce soit un candidat de cette région qui soit présenté, après vingt ans de mandats par Ban Ki-moon (Asie) et Kofi Annan (Afrique).

La France, elle, exige que le prochain secrétaire général parle français, langue officielle de l’ONU avec l’anglais.

Des candidatures qui n’ont jamais été autant féminines

L’idée d’avoir une femme à la tête des Nations Unies pour la première fois, après la succession de huit hommes depuis 1945, commence à s’imposer. Pour la première fois, six femmes se sont présentées pour devenir secrétaire générale de l’ONU, dont deux qui sont déjà à la tête d’une agence ou d’un programme onusien.

Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco et Helen Clark , qui dirige le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) sont donc bien placées pour prendre la succession de Ban Ki-moon.

La Moldave Natalia Gherman et l’Argentine Susana Malcorra sont toutes les deux ex-ministres des Affaires étrangères de leur pays respectif. Christina Figueres et Vesna Pusic se sont désistées. Au moment de la deuxième nomination de Ban Ki-moon en 2006, seule une femme faisait partie des sept candidats présélectionnés, la présidente de la Lettonie Vaira Vike-Freiberga.

Un pas vers plus de transparence et de démocratie

Dans le règlement de l’ONU, c’est le Conseil de sécurité et ses quinze membres qui doivent choisir un candidat unique à présenter à l’Assemblée générale qui validera la nomination. Ce scrutin à huis clos choisira un candidat à majorité simple. “Cette pseudo-élection n’est donc pas vraiment démocratique, car la décision revient aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité, dotés du droit de veto : la France, les Etats-Unis, la Chine, le Royaume-Uni et la Russie”, explique Chloé Maurel, historienne française qui signe une tribune sur le site de l’IRIS. Non démocratique et non transparente. Ce sont les deux critiques les plus récurrentes sur la nomination de celui qui dirigera l’ONU.

Un première donc cette année : chaque candidat a présenté publiquement son CV, sa lettre de motivation et sa profession de foi, disponibles en ligne . Mais surtout, chacun a dû passer un grand oral en avril devant l’Assemblée générale afin de répondre aux questions des délégués. Un nouveau processus qui ravit Chloé Maurel : “Une petite révolution est en train de s’opérer dans le mode de recrutement” qui, selon elle, vient en partie “des pressions du groupe ACT (Accountability, Coherence, Transparency – fiabilité, cohérence, transparence) pour réformer le Conseil de sécurité”.

Si le vote de ce vendredi fera le ménage dans les candidats, le processus risque de se poursuivre jusqu’en octobre, mois où la Russie aura la présidence tournante du Conseil de sécurité. Quoi qu’il arrive, le nouveau secrétaire général prendra ses fonctions le 1er janvier 2017.

Source: LES ECHOS / Théa Ollivier